lors que la canicule frappe le vignoble français cette semaine, et que deux ministres sont en visite au sujet des besoins agricoles en eau ce samedi 16 juillet en Charente*, le comité permanent du Bureau National de l’Interprofession du Cognac (BNIC) vient de voter à l’unanimité un texte tiré au cordeau sur le sujet (voir encadré). Adopté ce mercredi 13 juillet après des mois de concertation entre négoce et viticulture, cette décision valide le probable besoin d’irrigation du vignoble charentais dans le futur, mais en ne prenant pas un litre d’eau dans les nappes phréatiques. Si le stress hydrique baisse les rendements viticoles, la solution durable pour la filière de Cognac n’est pas d’entrer en compétition avec les autres usagers (notamment ceux vitaux de la population, alors que les raisins de cuve ne sont pas des biens de première nécessité), mais de développer des ressources alternatives (rendant l’eau-de-vie charentaise plus autonome).
« Notre objectif n’est pas de créer des tensions, mais d’anticiper des politiques intelligentes de gestion de la ressource » explique Anthony Brun, le président de l’Union Générale des Viticulteurs de l’AOC Cognac (UGVC), notant parmi les pistes d’approvisionnement l’eau produite à la sortie de l’alambic (composant 95 % du volume récupéré). La filière peut également envisager « la récupération des eaux de pluie de nos toitures, le traitement des eaux usées, l’utilisation de plants résistants, de nouvelles méthodes culturales… De nombreux outils existent en Israël, en Espagne… » complète Christophe Véral, le président du BNIC. À mi-mandat, le bouilleur de cru de Sainte Sévère (Charente) note que la filière charentaise va ainsi dans le sens de la durabilité et du long-terme, avec des concertations nécessaires au niveau des bassins versants.
Concrètement, le véhicule réglementaire qui permettra de traduire cette position en cadre obligatoire n’est pas encore trouvé indique Raphaël Delpech, le directeur du BNIC. Ajoutant qu’il ne s’agit pas de placer les producteurs de Cognac en donneurs de leçon auprès d’autres filières, mais de faire passer un message aux quelques viticulteurs qui irriguent ainsi actuellement, ou prévoient des investissements allant dans ce sens. « L’objectif est de donner une tendance. Nous ne sommes pas en train de dire non à l’irrigation, mais comme le changement climatique amènera peut être le vignoble à avoir besoin d’eau, nous voulons l’anticiper de manière durable » conclut Anthony Brun.
* : Principalement dédiée aux besoins en eau des céréaliers et éleveurs bovins, la visite du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, et de la secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard, se tient ce samedi 16 juillet en Charente.
"Le changement climatique nous oblige à réfléchir de façon proactive à l’adaptation de certaines de nos pratiques. La filière Cognac considère le prélèvement d’eau dans les nappes phréatiques pour l’irrigation de la vigne en production comme une pratique non durable, elle attend des quelques acteurs qui y auraient recours qu’ils prennent dès maintenant leurs dispositions pour s’en émanciper.
Nous travaillons d’ores et déjà sur l’interdiction de cette pratique ainsi que sur l’adaptation du vignoble au réchauffement climatique dans le souci permanent de la préservation de la qualité de notre produit, de la gestion efficace et durable des ressources en eau de notre territoire."